Olivier Couder a fondé le Théâtre du Cristal en 1989. Depuis, il a mis en scène et dirigé une quinzaine de spectacles, dont sept sont joués par des personnes handicapées mentales. Nous l'avons interrogé sur son approche particulière du théâtre et la pièce Hier, c'est mon anniversaire, qui sera présentée à Chelles samedi 4 et dimanche 5 novembre. Chaque jour sur le blog jusqu'à samedi, une question, une réponse...
1. D’où vient cette volonté de confronter le monde du théâtre à celui du handicap ?
" L’ampleur progressive prise par ce travail tient à plusieurs raisons. Sur un plan personnel, j’apprécie souvent le contact avec les personnes dites handicapées, et leur façon d’aborder le théâtre. Elles n’ont pas le désir superficiel de plaire avec son cortège de faux-semblants et de vraies compromissions, de désir de paraître, de plan de carrière. Il y a une véritable affinité avec l’oeuvre de Beckett, qui voulait dire la condition humaine en cherchant une nudité de l’écriture et un dépouillement du langage.
On rencontre souvent la galerie de clochards philosophiques, d’handicapés, de misérables et d’errants décrits par Beckett dans les institutions et les hôpitaux, et leur façon de jouer au théâtre, au moins pour certains d’entre eux, est aussi exigeante et radicalement authentique que l’oeuvre de Samuel. Une autre bonne raison pour provoquer la rencontre du théâtre et du handicap, c’est que l’art surgit toujours là où on ne l’attend pas, et aussi de qui on ne l’attend pas. Le monde français du théâtre est souvent étroit, conventionnel et frileux, pour s’étonner que l’on fasse théâtre avec des comédiens handicapés mentaux. Le cinéma n’a pas tant de prévenances pour faire jouer des acteurs extérieurs au sérail. Il serait bon que le recrutement des acteurs de théâtre évolue un peu, et qu’on fasse place à la diversité des profils, y compris aux personnes en situation de handicap. Reléguées dans les marges sociales, elles ont une faculté d’observation et elles jettent un regard très aigu sur la société dans laquelle nous vivons. Leur façon d’aborder la scène a amplement de quoi nous surprendre et nous passionner !"
(à suivre...)
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