Après des années de frilosité, les poils féminins font un retour remarqué. Le Nouvel Observateur (1) parle d'une "vague pileuse baba cool-trash" chez les stars. En la matière, Julia Roberts a ouvert la voie, exhibant sans complexe ses dessous de bras à la cérémonie des Oscars 99. Drew Barrymore, Elizabeth Jagger, Kate Winslet et d'autres l'ont suivie. Dans un autre genre, la barbe bien fournie de la chanteuse Peaches (illus.), réputée pour son féminisime un rien provoc'.
Pour le "chasseur de tendance" Vincent Grégoire, tout cela est à relativiser, "le poil est la touche de brut dans un monde asceptisé, l'accessoire de mode à arborer après des décennies de blanc, de neutre." Cette mode ne concerne en réalité qu'une minorité de femmes. Peu osent encore franchir le pas. Le problème n'est pas nouveau : dans son ouvrage (2), Martin Monestier nous apprend que la pilosité féminine a depuis longtemps été considérée par la morale chrétienne comme un symbole sexuel.
L 'humoriste britannique Shazia Mirza apporte un regard neuf sur la question : "il me semble qu'il y a quelque chose d'obscène et d'inquiétant de la part d'une société qui contraint les femmes à s'épiler. Au fond, on leur demande de ressembler à des fillettes pré-pubères." Dans Eloge du poil présenté dans le cadre du festival Des Auteurs des Cirques, le personnage de la femme à barbe interroge notre représentation de la femme. La mise en scène et la beauté du cirque rendent visible l'étrangeté, la monstrusoté féminine. A voir, du 27 au 30 juin à l'Espace Chapiteaux.
1. "La revanche des poilues". Le Nouvel Observateur. Marie Vaton
2. "Les Poils. Histoire et bizarreries". Le Cherche midi. 2002.